
Je pense souvent à cet homme qui lave une tablette
Elle faite de bois, un bois dur, sec, poli par les vents
L'homme la lave soigneusement au lever du soleil
Cette planche étroite est la seule page qu'il ait pour écrire
Les bribes de souvenirs, les conversations avec les fantômes
Le souffle chaud du désert, la vie secrète de ses habitants
Il écrit avec un mélange de cendres, d'eau, de terre
Les caractères noirs hésitent sur les lignes horizontales
Ils dansent avec les pensée de cet homme
Tous les jours une nouvelle histoire remplace la précédente
Elles ne meurent pas, les enfants les apprennent
Et s'en vont raconter les dernières visions du vieux
Parfois, pour de la farine, pour du thé
Le vieux écrit quelques versets coraniques
Et fait boire de cette eau-là aux malades
Il est au pied du figuier, regarde au loin les camions
Remplis d'armes, de semeurs de morts et de justiciers
Remplis de fuyants qui verront la mer mais pas l'Europe
Je pense à cet homme parce que je vis dans sa mémoire
Il m'a écris ma vie un jour et je m'efforce de la suivre
D'être fidèle à mon créateur, d'accepter un monde absurde
Plutôt que d'être le jouet d'un dieu inutile, vide et mort,
Je préfère m'imaginer l'essai qu'eût un vieil homme perdu
D'imaginer, pour un jour seulement, un monde autre que le sien.

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