Il y a quelques années, ou plus, des troupeaux de géants en route vers Thulé, accompagnés de leurs chiens immenses, s’arrêtèrent au bord d’une rivière de ce pays. Ils avaient marché longtemps désiraient se reposer, s’endormir. Les siècles passent et ils dorment encore, leurs chiens sont rentrés à Thulé seuls, n’y ont rien trouvé et parcourent la terre. Les géants ensommeillés se sont couverts de lichens, de buissons, d’arbres, de neige.
Plus tard sont arrivés les hommes, les loups, les charrues. Des paysans, des forgerons, des bâtisseurs. Tu tailles une pierre pour tuer un animal, tu tailles une pierre, puis une autre et voilà ta maison, le feu, les chèvres. Le village. La mémoire, les contes du soir.
Les saisons passent, les hommes passent, les langues, les chefs, les ducs, les rois et même la république, et les géants qui dorment toujours. On oublie des noms, on en invente d’autres – mais de là où je me tiens, c’est-à-dire d’ici, cela n’a pas vraiment d’importance. J’aime poser ma main sur les géants, écouter leur souffle ténu, si ténu.
J’aime regarder dériver sans buts des chiens immenses. J’aime dire “nuages” et trouver un nom pour chacun d’entre eux. J’aime ces géants qui sont les racines d’un arbre que j’appelle “ciel”. J’aime ces feux qui brillent dans l’obscurité, qui sont les feuilles argentées de notre arbre commun, j’aime leur trouver un nom à chacune et les appeler “étoile”.
De ce pays, finalement, importe peu le nom. Le tien est plus beau.
jeudi 8 juillet 2010
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